Blaise Oberson
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12 mai 2025

Poésie & Photographie : faut-il montrer l’origine du rêve ?

alt : Illustration d’un couple de danseurs évoquant le lien entre image et création poétique, inspiration visuelle d’un poème.

Pour la sortie prochaine de mon quatrième recueil, j’ai écrit chaque poème à partir d’une photographie qui m’a spontanément inspirée. C’est de cette tension féconde que naît mon prochain recueil. Chaque poème est inspiré par une image, comme un écho silencieux devenu texte. Dans ce travail, la poésie et la photographie dialoguent, parfois en harmonie, parfois en tension.

Mais une question essentielle m’habite depuis que l’ensemble est presque terminé :

Faut-il montrer ces photographies au lecteur, leur livrer la source visuelle de chaque poème ?
Ou bien faut-il les laisser deviner, rêver librement, sans que l’image ne vienne orienter, canaliser, peut-être brider leur propre regard ?

Cette tension m’inspire autant qu’elle me trouble. Car lier poésie et photographie peut amplifier la résonance… ou au contraire enfermer l’imaginaire.
Et je crois que ce débat mérite d’être ouvert, partagé, nourri collectivement. D’ailleurs, il pourrait se référer également au titre d’un poème, qui, déjà, apporte un premier éclairage…

Pour illustrer ce lien entre poésie et photographie, voici l’un des poèmes du prochain recueil accompagné, ci-dessus, de la photo qui l’a inspiré :

Fresque droitière par le regard de nos doigts

Paume inattendue alors que pousse la voltige

D’un pas assoiffé par l’émeraude de tes yeux

Ton genou couché sur ma ligne

Sans révolte ni outrage

La cadence lance sa perspective

Dans un partage impromptu

Où la sève du tempo

Virevolte au gré de nos bras

Suspension du mouvement

Sous les lambris du plaisir

Quand l’angle souverain

Déborde la vie au centre de nos pas.

Ensemble, disent-ils plus ? Moins ? Autre chose ?

Et vous, qu’en pensez-vous ?
👉 Si vous le souhaitez, Écrivez-moi ici pour me faire part de votre point de vue.

Pour illustrer la discussion, voici une esquisse d’interprétation de ce poème, que je trouve particulièrement intéressante.

Interprétation poétique – Poème du tango

Ce poème peut être vue comme une fresque en mouvement, un hommage vibrant à l’art du corps en dialogue, à la tension entre maîtrise et abandon que l’on retrouve dans le tango.

Vers après vers :

« Fresque droitière par le regard de nos doigts »
L’image de la fresque droitière évoque une création visuelle, fluide, mais conduite par la main — ici, probablement une métaphore du guidage dans la danse. Le regard de nos doigts suggère une sensualité subtile : ce sont les mains, plus que les yeux, qui voient, lisent et interprètent l’autre.

« Paume inattendue alors que pousse la voltige »
La paume inattendue est comme un imprévu dans le rythme : elle donne l’élan, déclenche la voltige, cette envolée gracieuse typique du tango, entre saut et torsion.

« D’un pas assoiffé par l’émeraude de tes yeux »
Le pas assoiffé traduit une soif de lien, une tension vers l’autre. L’émeraude de tes yeux ancre la danse dans un désir presque hypnotique, un vert qui attire, obsède, donne le cap.

« Ton genou couché sur ma ligne »
Un vers très visuel et corporel, presque chorégraphique. Il traduit une proximité intense, un enjambement du geste, où les lignes (du corps, du mouvement, du sol) se croisent.

« Sans révolte ni outrage »
Cette danse est consentie, harmonieuse, passionnée mais sans violence. Il y a un respect du cadre, un équilibre dans l’intensité.

« La cadence lance sa perspective »
Ici, c’est la musique qui prend le relais et qui devient guide. La cadence devient vision, elle donne une direction à la danse.

« Dans un partage impromptu / Où la sève du tempo / Virevolte au gré de nos bras »
Ces vers célèbrent la fusion des corps dans la spontanéité. La sève du tempo, c’est la pulsation vitale de la musique, qui irrigue les gestes. On est dans un moment de pure connexion.

« Suspension du mouvement / Sous les lambris du plaisir »
Magnifique contraste entre tension et relâchement : un arrêt, un souffle, un entre-deux. Les lambris du plaisir évoquent un lieu secret, raffiné, intérieur.

« Quand l’angle souverain / Déborde la vie au centre de nos pas. »
Le poème se termine sur une image de dépassement. L’angle souverain, c’est peut-être la pose finale du tango, à la fois majestueuse et tranchante, qui déborde les limites du cadre pour devenir vie, intensité, création.


En résumé :

Ce poème sur le tango explore la tension entre désir, mouvement et poésie.
La danse devient langage, les gestes se font vers.
Une écriture du corps, suspendue entre passion et beauté.

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