Blaise Oberson
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1 juillet 2025

Comment écrire un poème ? mon expérience personnelle

Se mettre en état de poésie

Avant d’écrire, je me mets en condition. Un peu comme on entre en méditation ou qu’on se prépare pour une séance de yoga. Je laisse mon corps se détendre, mon esprit s’ouvrir. Je lui donne la liberté de partir où il veut. L’objectif : laisser venir les images, les sensations, sans freins, sans filtre.
Pour nourrir cet élan, je lis souvent quelques poèmes. Toujours des auteurs qui me touchent profondément : Mohammed Dib , bien sûr, Louis Adran, François Cheng, Anise Kotz … J’ai toujours un ou deux recueils dans la poche de ma veste, prêts à être ouverts n’importe quand.

Pas de lieu, pas d’heure

Je n’ai pas de « coin d’écriture » privilégié. Cela peut m’arriver dans un bus, un train, un café. Le brouhaha ambiant a parfois un effet stimulant. Je parviens à m’isoler dans ma bulle intérieure.
À l’époque, quand je passais beaucoup de temps dans les avions pour mon travail, je trouvais même cette promiscuité propice à l’écriture.
Quant au moment : il n’y en a pas de meilleur qu’un autre. Le matin, l’après-midi, le soir, au milieu de la nuit… Dès que ça vient, je m’y mets. Tout de suite.

L’étincelle

L’envie d’écrire peut partir d’un rien : un paysage, une émotion soudaine, une colère en lisant un article…
Parfois, c’est plus simple encore : je me dis juste « Là, j’ai envie d’écrire »… et je m’installe.
Il m’est aussi arrivé de m’imposer un rythme plus discipliné : trois heures d’écriture chaque matin pendant plusieurs semaines. C’est ainsi que j’ai rédigé mon dernier manuscrit, tout juste envoyé à mon éditeur L’Harmattan.

La magie du premier jet

Et puis vient ce moment étrange et merveilleux : les mots surgissent.
Je ne sais pas pourquoi. Je ne les cherche pas vraiment, je les laisse apparaître. Un mot… puis un autre… et encore un autre. Les phrases prennent forme, parfois de façon logique, parfois complètement inattendue.
Dans ces instants-là, il faut être disponible, présent. Surtout, ne pas se laisser interrompre. Éteindre le téléphone. Laisser les mots couler, retranscrire tout, immédiatement. J’ai perdu plus d’un poème pour avoir voulu attendre.

L’écriture par l’image

Parfois, c’est une photo, un paysage, un objet qui déclenche le poème. J’écris alors par « touches », comme un peintre qui joue avec son pinceau. On sculpte, on modèle, on esquisse une réalité nouvelle. Beaucoup de photos qui ont été, à un moment ou à un autre, une source d’inspiration, se trouvent- là « Galerie de photos ».

Relire, affiner

Je fais partie de ceux qui retravaillent leurs textes. Pas à outrance, mais j’aime ajuster un vers, remplacer un mot, améliorer un rythme. Certains préfèrent garder le poème brut, tel qu’il est né. Moi, j’aime lui offrir une dernière respiration avant de le laisser partir.

Transformer le réel

Ce qui me fascine, c’est que le poème final s’éloigne souvent totalement de ce qui l’a déclenché. L’émotion première reste, mais elle est métamorphosée.
J’ai même envisagé de publier un recueil où chaque poème serait accompagné de l’image qui l’a inspiré. Voir l’article « poésie et photographie ».
Cela dit, je ne l’ai pas fait. Parce que je crois que la force du poème, c’est justement de laisser chaque lecteur y mettre ses propres images, vivre ses sensations, sans influence. D’ailleurs, tous mes poèmes n’ont pas de titre, pour cette même raison.
À ce sujet, je vous recommande un très beau livre chez Gallimard : « La postérité du Soleil » avec des textes d’Albert Camus accompagnés par les photos de Henriette Grindat.

En conclusion

Écrire un poème, c’est pour moi s’autoriser à ouvrir toutes les portes intérieures. Laisser éclater les règles logiques. Faire résonner la réalité autrement. Une façon de rendre au monde sa part d’inattendu.

Comme le dit Jean-Pierre Siméon dans son dernier ouvrage, « Petit éloge de la poésie », publié chez Gallimard et dont je vous recommande la lecture :  » Les poètes opèrent une sorte de coup d’Etat contre la souveraineté de la langue commune d’usage courant, bousculant ses lois admises (…). »Il faut « considérer l’acte de poésie comme indispensable et salvateur » (…), « comme une nécessité vitale ».

Et vous ? Comment voyez-vous la poésie ? Qu’elle votre expérience dans ce domaine ? Avez-vous déjà écrit un poème ? Votre expérience personnelle m’intéresse.

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