La poésie peut-elle changer le monde ? Chaque mot « devenir un acte ? » C’est un débat ancien et fondamental. Entre le pamphlet de Jean-Pierre Siméon, « La poésie sauvera le monde », et la lucidité crue de notre impuissance face à certains drames actuels, la question reste ouverte :
Avec quoi lutter ? Que peut un poème face à l’horreur ?
De nombreux poètes ont eu la réponse. Je pense à Aimé Césaire, qui fait de la poésie une parole de soulèvement et de réappropriation, notamment face à la colonisation « cahier d’un retour au pays natal » ou René Char, pendant la résistance, relie poème et action, sans jamais céder au pathos (« Feuillets d’Hypnos »), ou encore Andrée Chédid, qui insuffle du vivant dans sa poésie, même dans la douleur, sans parler de Patti Smith dans « Présages d’innocence », rappelant que l’on peut réagir par la poésie contre la peur qui s’abat sur certaines sociétés…
Certains de mes amis poètes pensent que la poésie est trop pure, trop sublime, pour se mêler à la critique ou à l’indignation. Que croire qu’un poème peut changer quoi que ce soit est une douce illusion.
D’autres, au contraire, l’utilisent comme un outil puissant, comme une « arme » qui parle, secoue et fait bouger les choses. Que « dire », c’est déjà résister.
Je me sens bien plus proche de ces derniers.
Oui, je crois que la poésie peut être un acte de résistance, que chaque mot, devenir un acte.
Alors j’ai écrit ce texte :
Ce texte a été aussi rédigé en réponse à une demande de Rocio Duran Barba, qui me demandait d’écrire quelque chose en lien avec le festival qu’elle organise à Paris : « la poésie contre le chaos du monde », dans le cadre du Marché de la poésie https://blaiseoberson.com/marche-de-la-poesie-2025/, auquel je participerai également.
Pourtant, mon prochain recueil sera presque exclusivement consacré à la beauté. Est-ce un paradoxe ? Je ne le pense pas.
Car montrer la beauté, la vraie — celle qui surgit au bord du monde, dans un souffle, un silence ou un regard —, c’est aussi résister.
Résister à la violence, à la brutalité, à l’oubli.
C’est rappeler que le monde vaut d’être vu, respiré, aimé.
La poésie n’est pas une fuite.
Elle est un acte de veille.
Elle ne commente pas l’actualité comme le ferait un éditorial, mais elle ravive, elle ouvre, elle tend un fil de lumière.
Il y a aujourd’hui des mots qu’on n’ose plus dire. Des causes qu’on évite. Des silences que l’on justifie.
Mais que devient un monde où même les poètes se taisent ?
Résister, pour moi, ce n’est pas crier.
C’est nommer ce qui brûle.
C’est habiter le silence autrement.
Chaque mot devient alors un acte fragile mais tenace.
Un geste d’humanité.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Vous l’avez compris, c’est un débat qui me travaille depuis longtemps. Notre impuissance face à certaines situations est difficile, voire insupportable. Alors, la poésie peut-elle vraiment faire bouger les choses ?
Vos remarques et réactions me seraient précieuses. Il suffit de cliquer ici et de m’écrire quelques lignes : https://blaiseoberson.com/contact/
Je prépare ma nouvelle rubrique de podcasts où je lirai mes propres poèmes. Une façon pour moi de partager mes textes autrement, à travers la voix, le rythme et l’émotion... Restez connecté !
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